Lines of universe: a Spatial Montage project

Lors de la conceptualisation et le développement d’un dispositif de réalité virtuelle, selon les contraintes d’espaces, de temps et l’interactivité laissée à l’immersant·e, l’artiste peut plus ou moins anticiper l’actualisation de l’expérience. En fabriquant une œuvre, il·elle peut imaginer l’impression artistique qu’il·elle souhaite transmettre à son·sa récepteur·rice. En tentant de calquer son modèle de pensée à celui de l’immersant·e l’artiste espère que l’impression artistique recherchée soit celle vécue lors de la réception de l’œuvre. Or, en fonction des possibles laissés à l’immersant·e, le comportement de ce·tte dernier·e peut s’éloigner des impressions artistiques prévues. De plus, la nature algorithmique des systèmes de réalités virtuelles permettent aux artistes de doter leurs dispositifs de comportements pouvant influer sur l’expérience esthétique de l’immersant·e. Les œuvres interactives font ainsi émerger une nouvelle modalité d’expression, celle de la relation entre le comportement de l’œuvre avec celui du sujet.

Ce dispositif de recherche-création propose d’explorer les questions : Comment un·e artiste peut-il/elle tester lui·elle-même les effets de mise en scène et de montage qu’il·elle veut faire vivre aux immersant·es ? Comment faire pour préparer les règles comportementales d’une mise en scène réagissant aux futurs comportements des immersant·es ?

Au-dessus d’une table virtuelle, un·e artiste construit une maquette à partir de blocs de décor, de personnages, de cônes lumineux et de bulles de son. Il·elle doit également placer et orienter différentes zones parcourables à l’intérieur de la maquette. En appuyant sur un bouton, il·elle peut acquérir l’échelle et le point de vue de la zone qu’il·elle regarde. En pouvant osciller entre l’échelle du·de la metteur·se en scène et celle de l’immersant·e, l’artiste peut passer à tout moment du point de vue de la création à celui de la réception afin de construire la structure spatio-temporelle de son œuvre narrative.

Chaque élément chargé d’une fonction narrative n’est activé qu’en fonction des mouvements de l’immersant·e. En fonction de ses mouvements, de son champ de vision, de sa distance aux personnages (et autres éléments narratifs), ces derniers s’activent, s’animent, se ralentissent, se figent… Dans une boucle sensorimotrice, l’environnement est marionnettisé par les actions corporelles de l’immersant·e, elles-mêmes influencées par la scénographie de l’environnement qui se déploie.

Les différentes zones sont reliées par des trous de ver : des points de passage entre deux espaces-temps (zones) placés par l’artiste et matérialisés sur scène par un cadre qu’il faut traverser. Ces portails extradiégétiques permettent de signifier la présence d’un·e narrateur·rice et d’accepter son point de vue le temps de la transition.