La Tisseuse d’Histoires

La Tisseuse d’Histoires est une expérience performative et participative familiale, mêlant narration interactive, spectacle vivant, théâtre de marionnettes en réalité virtuelle, images projetées et musique improvisée.

Présentée pour la première fois en novembre 2022, ce dispositif est le fruit d’une résidence artistique proposée par le centre culturel de Drancy, portée par les associations Mêtis
et Passeurs d’Images, et réunissant Rémi Sagot-Duvauroux, Lia Mchedlishvili et Loup Vuarnesson, artistes et chercheurs spécialistes des narrations immersives.

La première étape de création consiste en un atelier d’écriture d’une demi-journée encadré par les artistes, où les participant·es écrivent ensemble différentes histoires individuelles ou collectives, mettant en scène leurs propres vies et imaginaires. Ces contes ont la particularité d’être tous liés par une même situation initiale proposée en début d’atelier. A partir de contraintes narratives proposées, les participant·es sont invité·es à imaginer la suite de l’histoire par groupe. A chaque nouvelle étape d’écriture d’une quinzaine de minutes, ils et elles sont invité·es à se re-diviser en plusieurs groupes, afin de proposer de multiples embranchements narratifs. Cela conduit finalement à la constitution d’un arbre narratif aux fins multiples, toutes reliées par une même origine, et constituant la base de la seconde phase à venir.

Le deuxième temps du projet est celui de la restitution publique, accessible tant aux participant·es à l’atelier d’écriture qu’au grand public. Celle-ci se découpe en multiples segments pouvant durer entre 5 et 10 minutes, au cours desquels les histoires imaginées peuvent être parcourues. Les artistes alors devenus médiateurs présentent les différents rôles indifféremment proposés au public :

– Le premier rôle est celui de l’aiguilleur·se. Il·elle compose et choisit les évolutions de la trame narrative, grâce à une tablette faisant apparaître différents fragments d’histoires possibles. L’aiguilleur·se détermine selon son gré l’embranchement narratif à poursuivre. Par un simple clic, il·elle influe sur la suite de l’histoire et détermine également le rythme avec lequel celle-ci se raconte.

– Le second rôle est celui du·de la marionnettiste. Équipé·e d’un casque de réalité virtuelle et de manettes, son rôle est de mettre en scène l’histoire grâce à un petit théâtre virtuel dynamique de marionnettes. Dans cet environnement virtuel interactif, des personnages et des objets peuvent être saisis et animés au sein d’un décor en volume. Cette animation est retransmise sur un écran géant, donnant à voir à l’ensemble du public l’histoire mise en mouvements et en couleurs. L’immersant·e est en permanence à l’écoute du texte choisi, et doit donc y réagir de la manière qui lui semble la plus appropriée.

– Le troisième rôle est celui du·de la narrateur·rice. Sa mission est de lire le texte de l’histoire à mesure que celui-ci est révélé au public. Il·elle peut faire le choix de simplement lire le texte qui s’affiche, ou bien de l’adapter à la mise en scène du·de la marionnettiste, à sa manière d’animer les personnages et objets de l’histoire.

Une dernière entitée essentielle du dispositif est le.la musicien·ne. Expert·e en improvisation musicale, il·elle imagine en direct la mise en musique et en bruitages des histoires, offrant un fil rouge dramaturgique permettant aux participant·es de libérer leur esprit créatif.

Le cœur de cette expérience est donc d’amener plusieurs participant­·es à improviser ensemble la création d’une histoire, par le prisme de ces différents rôles. Si chacun·e influe à sa manière sur ce qui est donné à voir au reste du public, le dispositif impose surtout l’écoute et la collaboration, garantissant que chaque nouvelle combinaison résulte en une performance unique. Bien que les trames narratives soient déjà écrites, les moments forts de cette restitution émergent finalement lorsque les participants décident de s’en approprier le cadre, voire d’en sortir légèrement. Le·la narrateur·rice peut agrémenter le texte de ses propres idées. Le·la marionnettiste peut faire apparaître des objets inattendus, ou les faire réagir à sa convenance. L’aiguilleur·se peut enfin décider de choix narratifs plus ou moins surprenants. Cette expérience invite donc à essayer plusieurs fois chaque rôle, ou bien à rester dans le public à apprécier se laisser surprendre par les nouvelles idées apportées par les participant·es.

À la frontière entre cinéma, art numérique et réalité virtuelle, la Tisseuse d’Histoires est donc avant tout un dispositif proposant un dialogue inédit entre art performatif et médiations numériques. Elle interroge notre relation aux espaces numériques et à la scène, et apporte de nouvelles manières d’amener des participant·es de tous âges et horizons à collaborer ensemble, le temps d’une histoire.