The Buster Experience: a Spatial Montage project

Dans le film Sherlock Jr. (1924), Buster Keaton saute à l’intérieur de l’écran de cinéma et subit alors le montage du film projeté. Eprouvant les discontinuités du film dans lequel il cherche à évoluer, son corps performant à la fois spectateur et acteur créé une série de situations burlesques. Et si, comme Buster, nous pouvions entrer dans un film et vivre une continuité narrative à travers un espace-temps inconnu et fragmenté ? Pourrions-nous accepter et apprendre les mécanismes émergents imposés par de telles ruptures ?

“The Buster Experience” est la base artistique et expérimentale d’une recherche sur les effets cognitifs, émotionnels et sémantiques des discontinuités spatio-temporelles en réalité virtuelle. Si les mouvements de notre corps étaient intimement liés aux ruptures d’espace-temps, pourrions-nous incarner les transitions entre environnements virtuels ? Plusieurs endroits pourraient-ils ainsi devenir un seul et même lieu, celui d’un espace narratif animé par le corps et l’esprit ?

Dans une petite salle sombre, un drôle de projecteur fait apparaître un film sur un écran. En s’avançant vers celui-ci, les détails prennent forme et la texture de l’image semble changer. Plus nous approchons notre regard de l’écran, plus l’image plane semble acquérir une profondeur. L’ensemble donne une envie irrésistible de franchir cette barrière. Soudain, l’image nous englobe et nous voilà immergés dans le film que l’on ne percevait qu’en 2D jusqu’alors. 

Une fois dans l’espace filmique, comme Buster Keaton, nous faisons l’expérience de la fragmentation de l’espace-temps. Contrairement au montage du film, verrouillé et reproductible, l’enchaînement des espaces dans lesquels nous évoluons réagi à nos choix et actions. 

Enfin, après avoir vécu dans le film, nous sommes transportés de nouveau dans la salle de départ mais le film est cette fois projeté sous forme d’hologramme au centre de la pièce.