Rythme(s) d’espaces

Le projet de recherche – création Rythme(s) d’espaces” est né d’une rencontre entre Vivianna Chiotini et Rémi Sagot-Duvauroux dans le cadre du programme doctoral SACRe et de l’envie de faire naître une synergie entre spectacle vivant et réalité virtuelle. Nos recherches se rejoignent sur deux notions essentielles : La fragmentation de l’espace de représentation et son influence sur la mise en mouvement du corps. 

C’est à partir de ces points communs qu’un premier atelier d’expérimentation a eu lieu au théâtre du CNSAD-PSL : dans notre recherche que nous avons amorcé en février 2022 un premier atelier d’expérimentation qui a eu lieu au théâtre du CNSAD-PSL : Nous avons invité deux danseuses et un danseur à répondre physiquement à une série d’environnements virtuels dynamiques, en étant juxtaposé·es sur le plateau physique. Les variations entre les différents espaces virtuels ont fait émerger un mouvement de mouvements, comme dirait Gilles Deleuze, c’est-à-dire un rythme entre les corps en fonction de ces espaces, sur lequel on a voulu se concentrer. Plusieurs variations ont été expérimentées, incluant différentes échelles temporelles et spatiales, des rythmes horizontaux et verticaux, des mouvements opposés, l’augmentation et la diminution d’éléments scénographiques etc…

Nous avons pu étudier comment nos variations spatiales engageaient différents effets scénographiques. Nous avons pu analyser comment les corps habitaient et étaient manipulés par l’espace, comment certains patterns émergeaient et comment s’activait une rythmique particulière des corps en relation avec l’espace.

Cette première exploration a donné lieu à une présentation lors de la conférence JIT2022 (Journées de l’Informatique Théâtrale) à l’ENSATT de Lyon le lundi 10 octobre 2022.

Basés sur nos premières expérimentations, nous avons continué notre processus de recherche-création dans le cadre d’une semaine de séminaire/workshop au CNSAD-PSL en novembre 2022. Alliant pratique et théorie, cet atelier interdisciplinaire, financé par le laboratoire SACRe, était basé sur un nouveau dispositif inspiré par les Espaces Rythmiques du metteur en scène et scénographe Adolphe Appia. L’espace physique est constitué de quatre marches d’escalier impliquant des déplacements à la fois horizontaux et verticaux. Ces marches sont reproduites dans les mêmes dimensions et co-localisées dans un espace virtuel (notons que la verticalité des environnements virtuels reste à ce jour peu expérimentée). 

Trois interprètes sur un escalier physique sont co-présents sur un escalier virtuel. À partir de cette base, nous avons créé différentes variations de l’environnement virtuel réagissant aux mouvements de chaque interprète dans l’escalier. En changeant de marche, les performeur·ses font évoluer les espaces virtuels qu’ils ou elles perçoivent. 

Ces changements d’environnements que les interprètes habitent virtuellement sont diffusés sur un grand écran au-dessus du plateau. Ce dispositif de polyvision permet au public d’accéder à une perception visuelle de la virtualité éprouvée par les corps des interprètes. Un montage en splitscreen en temps réel, basé sur les choix des corps dans l’espace physique et virtuel fait ainsi émerger un nouveau rythme, celui des corps-machines à images.