The Hitchcock Experience: a Spatial Montage project

Entrer dans l’espace d’une des scènes les plus connues et emblématiques de l’histoire du cinéma. Voilà le pari de cette expérience de réalité virtuelle qui nous plonge dans la séquence de l’avion dans La mort aux trousses d’Alfred Hitchcock.

Comment habiter un espace de représentation cinématographique ? Comment adapter la dramaturgie de Hitchcock tout en laissant émerger de nouveaux phénomènes propres à la nature immersive des dispositifs de réalité virtuelle ? Comment accorder le rythme du corps spectateur à celui d’un montage ? Et quelle forme ce montage peut-il avoir et pour quels effets esthétiques et dramaturgiques ? Ce sont ces problématiques qui guident ce dispositif de recherche-création intitulé : The Hitchcock Experience

Pour répondre à ces questions, nous proposons l’expérience d’un montage guidé par les mouvements de  l’immersant·e. Elle explore les questions de distance et l’identification au personnage en traduisant certaines échelles de plan cinématographiques en échelle du corps de l’immersant·e vis à vis de l’espace représenté. De plus, cette expérience propose une forme de montage qui s’adapte en temps réel aux déplacements du corps et du regard de l’immersant·e engageant une dialectique entre le rythme narratif et celui de l’espace vécu. 

Photos by Ariadne Fytopoulou

Grâce à un système de monitoring des mouvements corporelles et des yeux (eye tracking), les changements d’échelle et de points de vue ont lieu uniquement si certaines conditions sont remplies, créant un séquençage unique et adapté à chaque immersant·e. Ces intéractions implicites programmées préalablement par le monteur permettent d’assurer des raccords cohérents, signifiants et poétiques entre les espaces quelque soit les actions corporelles de l’immersant·e. En fonction de son comportement (vitesse du corps, vitesse angulaire de la tête, intérêt pour un personnage, éléments entrant ou sortant de son champ de vision), la taille et les points de vue de l’immersant·e sont modifiés par le montage. Chaque “cut” nous transporte dans un espace proxémique différent engageant de nouvelles relations d’empathie et de sympathie au personnage. 

Enfin, cette œuvre explore la persistance de notre culture de l’image cinématographique et la frontière poreuse entre image et espace. En offrant plus ou moins de temps (entre deux points de montage) pour se déplacer dans l’image et en avoir avoir une perception spatiale, la fragmentation spatiale dynamique de cette expérience questionne le niveau de présence et d’habitabilité d’un espace narratif et les effets esthétiques et dramaturgiques qui en découlent. 

Ce projet s’inscrit dans une collaboration avec l’Inria autour d’une réflexion sur les techniques de mise en scène “réactives” (scénographie, découpage, montage) capables de s’adapter en temps réel aux mouvements et aux regards de l’immersant·e. Il explore les techniques de mises en scène automatiques développées dans les domaines de l’informatique graphique, de l’intelligence artificielle et du jeu vidéo afin d’étudier les possibilités de les appliquer dans le contexte de la réalité virtuelle immersive.